MAINTENANT JE SAIS

[J Gravier]

Bonjour Eric,

hélas je n'aurai jamais la réponse car la truffière s'est arrété de produire, j'avais déjà un doute l'année dernière, mais là c'est confirmé, dans mon sol c'est comme ça.... un an rien, puis un an avec juste quelques brumales, l'année suivante c'est brumale généralisée.... si on attend encore c'est le même schéma qui se reproduit avec aestivum.... fin février elle passera à la tronçonneuse, inutile d'essayer de régénérer ça ne marche jamais.
J'avais gardé bien sur un rang "témoin"..... idem.
Au final elle aura produit 10 ans, chez moi il est clair maintenant qu'il faut produire le plus tôt possible et passé 18 ans c'est foutu, ça correspond exactement au moment ou l'arbre a fini d'exprimer ses caractères de juvénilité, croissance moindre (moins dynamique), il s'installe dans un rythme de croissance adulte....
Il faut oublier aussi l'idée qu'il est possible de régénérer petit à petit une truffière en faisant de l'espace en éliminant des arbres et en les remplaçant. On obtient parfois une récolte mais ce n'est pas durable.
Le problème que je rencontre est celui des truffières plantées dans des sols relativement lourds (argile et limon) et ou l'irrigation doit être importante. Une première génération d'arbre peut donner mélano jusqu'à 17/18 ans puis passer brumale.... les arbres remplacé pour X raisons donneront mélano, mais à 14 ans ils passeront brumale à leur tour... ceux des plus vieux qui auront été éliminés et remplacé produiront aussi mélano, mais jusqu'à 7/8 ans.... en 4 ème génération il n'y a plus rien à espérer.....
J'ai tenté mais ce "modèle" ne fonctionne pas, l'évolution du sol en est la cause....

joel

[melano]

Très intéressant Joël, C'est peut-être pour ça qu'en Périgord on galère. On en est à plusieurs générations de truffiers depuis l'âge d'or sur nos terrains argileux...

Plus sérieusement, je crois qu'il va falloir sérieusement se pencher sur cette matière organique et son évolution dans le sol.

Fred

[tuber01]

Joel, faute de terrains disponibles, il va bien falloir arriver à trouver le moyen de régénérer une truffière.... en plantant entre 2 de nouveaux plants sur la ligne ca ne serait pas une bonne solution ?

Seb

[BOM]

Ou des cistes ou autres arbustes mycorhizés qui occupent moins de place ?

Philippe

[J Gravier]

Bonjour seb

c'est précisement ce que j'ai fait, ainsi qu'en interligne, et le résultat est sans appel.... j'ai obtenu une très belle récolte sur la deuxième génération d'arbres, mais jusqu'à 14 ans, très belle récolte à 5 ans en interligne, moins bon cette année ce qui est très mauvais signe, avec apparition de brumale en 6 ème année...... à un moment donné de l'évolution du sol la contamination brumale se propage très vite de racine à racine.
Je ne parle pas de la quatrième génération.... j'ai trouvé hier une superbe brumale au pied d'un un an qui avait été mis en remplacement.... c'est cuit...
Il y a une solution, c'est de tout arracher et de faire une culture intercalaire tout en suivant l'évolution de la MO.... mais suivant les sols il faudra dix ans..... cette année je vais éliminer une parcelle qui a 35 ans, elle a produit jusqu'à 70 Kg/hectare sur plusieurs années, elle avait été plantée sur ancienne truffière, mais entre temps il y avait eu 10 ans de maraichage, donc c'est possible et pour le coup le résultat est très bon, mais attention argile/sable/cailloux.... pas de limons.... chez moi entre argile + limon ça fait 60/100

Voilà, j'ai beaucoup tenté, j'ai eu des réussites comme des échecs, mais pour le coup ça me permet d'avoir une bonne vision de ce qu'il est possible de faire, chez moi bien sur, mais dans mon coin de façon plus générale.

Fred,
je réponds avec un peu de retard à une de tes interrogations précédentes: perso je ne vois plus ce qui pourrait faire échouer des projets à "grande échelle", techniquement pour moi tout est "carré".... des domaine de 70/100 hectare dédié à la truffe, ce n'est qu'une question de moyens..... ça peut aller très très vite et chambouler en un rien de temps le petit monde de la truffe.... à quand le premier "porteur de projet" à capital risqueur...... je ne dis pas que c'est souhaitable mais on peut se poser la question.

joel

[melano]

Je pense que des boîtes comme les ronds de sorcières sont à plusieurs dizaines d'hectares. Par chez nous, je connais deux projets à plus de 20 hectares.

Contrairement à toi, je vois tout un tas de raisons techniques qui peuvent faire échouer de tels projets, tout du moins chez nous en Périgord.

Chez vous, je ne sais pas. Mais dans certains coins, ça plante fort. On sera fixé à brève échéance (moins de 10 ans). Une chose est sûre c'est que quand la truffe arrive en quantité comme en ce moment, ça a du mal à avaler.

Fred

[lilic]

bonsoir,
merci joel pour tout le retour de ces expériences
eric

[J Gravier]

Bonjour à tous,

Fred, chez nous à condition de trouver un sol correct le résultat est garanti à 5 ans, la longévité c'est autre chose, il faut être plus sélectif sur le choix du terrain..... trouver du foncier est un soucis pour nous "petits producteurs", 2/4 hectares à un prix réellement "agricole" et pas n'importe ou, par contre entre 1 et 2 million d'euros on trouve des propriétés à vendre avec de la surface, or c'est le prix que mettent certains pour acheter une résidence secondaire en Provence.... donc rien d'extraordinaire.
Le phénomène existe en cave particulière, le circuit commercial est déjà en place avant achat... et derrière ça roule..... pour la truffe c'est pareil, il faut juste oublier les marchés de gros et la vente aux particuliers, le reste n'est qu'une question de quantité, il faut pouvoir assurer ce que peuvent assurer les courtier... et là rien d'extraordinaire non plus....
Très sincèrement je me pose des questions.... le fait d'être obligé de "lever le pied" me donne l'occasion de voir les choses un peu de l'extèrieur et de prendre du recul, ça fait 10 ans que je suis à fond.... à mon avis le seul avenir possible pour continuer à "sortir du lot" c'est d'avoir de la quantité, sinon c'est le retour inévitable aux marchés de "gros" et au "marché local", ce qui à mon sens n'est pas viable.... ou alors ça revient à faire des patates ou des melons, de quoi gagner 4 sous pour ceux qui y arrivent encore, mais à condition d'avoir déjà le foncier et le matériel...

Chez vous s'il n'est pas possible de réellement produire en "grand" les marchés locaux peuvent être suffisant et vous assurer la vente, le tourisme peut vous y aider.... chez nous le marché est déjà saturé depuis longtemps.
Quant à imaginer des producteurs de chez nous pour faire le déplacement je n'y crois pas, déjà il y a le cout du déplacement et le temps que ça prend.... sachant qu'au final si ce n'est pas pour écouler 10 Kg ça n'a pas de sens.... or nous savons bien les quantités qui se vendent au détail....

joel

[tuber01]

Merci Joel pour ce partage d'expérience.
Je démarre des recyclages de parcelles (par chance toujours préservées de brumale).
Je ne manquerai pas de faire un retour quand retour il y aura

Seb

[OLIVE81]

Sur une parcelle mes doublons sont à 3m sur le rang, rangs espacés de 8m, et dans l'inter rang il y a une "haie" de kermes à 1,5m

Bonjour,

Joel, au gré des pages je suis tombé sur ces quelques lignes, j'en profite pour t'interroger sur le comportement de cette "haie" de Kermès. Est-ce que tes arbres se sont bien développés ? Les brûlés sont apparus au bout de combien de temps et question qui en découle est-ce que ça produit ??? En dehors de la taille (je suppose), as-tu modifié autre chose dans la façon de travailler cette haie par rapport à des plantations "classiques" ?

D'avance merci de tes réponses.

Olive

[J Gravier]

Bonjour OLive,

j'ai planté après arrachage d'une parcelle qui produisait brumale et aestivum..... j'ai donc récupéré un sol contaminé et à une étape intermédiaire entre sol forestier et sol agricole..... de ce fait à 4 ans 70 % des arbres produisaient brumale, c'est une réussite extraordinaire mais pas celle que je souhaitais
pour les kermès qui poussent tout de même plus lentement il a fallu attendre un an de plus.....
Pour ce qui est du développement des arbres pas de soucis ils faisaient 7/10 cm au collet à 5 ans, ce qui est "normal" chez moi...... il est bien certain qu'une concurrence pour l'espace va apparaître bien plus vite que dans une plantation "large", mais pour moi le but était de tester la "haute densité" sur une quinzaine d'années, production à 5 ans et arrachage 10 ans plus tard ou même avant.

Voilà, rien que des choses logiques...... l'agroforesterie devrait s'emparer de la trufficulture, il est peut être là l'avenir de cette production, intégrée dans une rotation longue qui dans la "phase trufficulture" recharge les sols en matière organique et nutriments.... pour une agriculture saine et véritablement durable, si j'étais plus jeune je prendrais cette voie car il y a beaucoup à faire et à découvrir dans ce domaine.

Joel

[OLIVE81]

Merci Joel

Pour l'agroforesterie tu vois loin et grand ... mais ça me semble difficile à appliquer sur des petites surfaces...

Olive

[J Gravier]

Olive,
j'ai deux jeunes collègues qui se sont installé récemment en agroforesterie sur 4 hectares, un ou deux hectare en plus pour la trufficulture et c'est parfait, le système est cohérent, la rotation se fait sur 20/25 ans, un hectare en production permanente...... d'un point de vue économique c'est également cohérent, on se situe sur une vente de "proximité" , avec des produits "de qualité", 50 Kg/annuel de truffes c'est largement suffisant, inutile de chercher à produire plus, c'est un espace bien rentabilisé à la fois d'un point de vue économique et de gestion de sol.

Joel

[OLIVE81]

oK si je comprends bien un quart de la surface est exploité en trufficulture et le reste avec autre-chose, la rotation se fait tous les 20 - 25 ans ce qui fait que pour 4 hectares l'exploitation se fera sur 2 générations ?? C'est ce que je dis faut voir loin !! Est-ce qu'il est possible d'envisager une exploitation sur la totalité de la surface mais en basse densité : plantation à 10 ou 12 m avec repiquage dans l'interrang au bout de 15 ans et arrachage des premiers arbres 5 ans après par exemple ? L'espace libre le sera-t'il suffisamment pour permettre le regénération du sol ? A noter que ce mode de plantation n'est pas incompatible avec la haute densité : on peut envisager de planter serré sur le rang et très large dans l'inter rang.

Olive

[bion]

Bonjour,

Pourquoi vouloir planter espacé pour replanter dans l'inter-rang ensuite?

Je le comprends pour optimiser l'espace dans le cas d'une truffière plantée espacée au départ, comme cela l'était conseillé, mais sachant maintenant que l'on avance l'entrée en production en plantant serré, à partir d'un terrain "nu", plutôt que de planter 10mX10m pour replanter ensuite dans l'inter-rang, je planterais plutôt la moitié seulement du terrain, et planterais l'autre moitié ensuite.
Le mieux étant de multiplier la fréquence de plantation, tous les trois ans par exemple, sur 5 parcelles.
Au bout de 12 ans, l'on aura:
une parcelle de 12 ans en pleine production
Une parcelle de 9 ans en production
Une parcelle de 6 ans qui débute
Une parcelle de jeunes plants de 3 ans
Une parcelle de "bébés"

Cela permet de lisser la production, et de ne pas se retrouver avec des périodes "à sec".
Cela permet aussi de minimiser les risques dus à une mauvaise année de plantation (météo, qualité des plants, autre facteur....)

C'est ce type de projet que j'envisage chez moi, afin de pouvoir me régaler de ma production jusqu'à la fin de mes jours.

J'ai planté la première partie entre mars 2013 et décembre 2014 (140)

En 2017 j'en rajouterais 60, et 60 de plus en 2020.

Perette