Climatologie et précocité de production.

Le choix de l'essence, les techniques de plantation, la taille, le travail du sol, l'irrigarion , méthodes de rénovation...

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melano
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par melano »

J'ai une rangée de 27 arbres de 19 ans dont la moitié environ a produit des brumales. J'ai trouvé les premières mélanos il y a deux ans sans qu'il n'y ait de brûlés.
Je reviens sur cette phrase de Bernard passée inaperçue dans le flot d'infos. Ils ont donc produit à 17 ans... Coté précocité, c'est pas exceptionnel. Donc des arbres myco unci qui donne brumales et d'autre mélano...

Comme quoi, on donne une impulsion mais c'est bien la nature qui choisit. Cela m'encourage à faire de la double myco pour planter dans les coins pas trop favorables à mélano (unci et mélano dans le pot).

Ensuite, la nature choisira.

Fred
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bernard
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par bernard »

La rangée ( deuxième) de 27 arbres était sensée être mycorhizée en mélano et a commencé à donner les premières brumales vers l'âge de 6/7 ans.
La première rangée orientée idem Est-Ouest n'est distante que de 5 mètres et est faiblement myco en uncinatum.
Dans la rangée les arbres sont distants de 2,5m, donc à 3/4 m de haut les branches se touchent partout, et comme je ne trouvais que des brumales je n'ai pas ouvert le milieu.Il y a deux ans quand j'ai trouvé les premières mélanos j'ai dégagé un peu autour. Au printemps 2011 j'ai vu apparaître de jolis brulés et dans la foulé j'ai éclairci.
Cette année j'attends la fin de saison pour voir et je ferai en fonction des observations faites.

Fred, effectivement la nature choisit, à nous de lui donner un coup de pouce, à elle de se servir au mieux. J'ai fait plusieurs tests de myco croisée et et de croisement de plants dans la rangée, viendra ce qui viendra, on verra dans quelques années.

J'avais mis en place à l'époque trois arbustes-test vierge de toute myco.
Un chêne a commencé à donner de la brumale la dernière saison, identique à la rangée.
Un noisetier un peu plus éloigné a produit il y a deux ans pour la première fois de l'uncinat et la dernière saison il s'est mis à la brumale.
Dans la vie tout n'est qu'une histoire de dosage , encore faut-il avoir le courage d'oser doser !
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melano
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par melano »

C'est marrant ces îlots de mélano au milieu des brumales. Je cavais une truffière d'une 50 aines d'arbres toute en brumale en raison de plants pourris du début des années 90. Brumales à tous les étages sauf deux petits zones de 50 cm de diamètre où il y avait un micro brûlé à mélano.

A la station expérimentale de Chartriet, ils sont ouverts des zones produisant brumale ==> production de mélano dans les zones ensoleillées.

Bref, il faut un milieu ouvert pour mélano. Faute de ces conditions, brumale prend la place.

Fred
galistruffe
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par galistruffe »

fred je l ai deja dis il y quelques années , quand j ai fait mon premier voyage dans ta région j ai dis : voila le meilleur coin que je n ai jamais pour la truffe .... d été ou unci mais surement pas pour mélano . trop d argile trop de pluie trop peu de pente .jerome
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melano
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par melano »

Et oui Jérôme, chacun son fardeau. Vous c'est l'eau, nous, c'est l'argile. Pour la pente, on a mais souvent en bois.

Mais bon, pour l'argile, on est en passe de trouver des améliorations avec le sable calcaire.

Et je me suis arrêté sur le plateau de Valensole, ils en ont pas mal aussi.

Nos conditions sont ce qu'elles sont mais on produit quand même un peu. Et en masse de truffe produite par arbre producteur, on ne doit pas être ridicule. Notre soucis est qu'on a du mal à déclencher notre arbre vite et a avoir un fort pourcentage de producteurs dans les plantations.

Sinon une fois les arbres démarres, faire des truffes tous les hiver, on sait faire et même sans arroser grâce au ciel.

Maintenant quel est la part du climat dans ces soucis de déclenchement de production et dans le faible taux de producteur? La question reste entière.

Fred
Rachik
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par Rachik »

Justement, les conditions ne sont-elles pas finalement trop favorables pour les arbres qui n'ont alors pas vraiment besoin de la symbiose avec la truffe? Argile et précipitations suffisantes permettraient à l'arbre de se sustenter de façon autonome.
Je pense que bien d'autres avant moi ont émis cette hypothèse mais effectivement, comment compenser?
Je me répète, je sais, mais ce sont les bonsaïs qui m'ont amené à la trufficulture. En conséquence, faire souffrir les arbres, ont peut dire que c'est une seconde nature chez moi!!!
Ne faudrait-il pas compenser le confort hydrique dont ils bénéficient dans le secteur par d'autres formes de "tourments" qui l'obligeraient à faire appel aux bons services de la truffe?
Pfff je ne suis pas encore assez caler pour pouvoir voir clairement ce qu'il en est de cet échange.
Mais je m'interroge sur les traitements foliaires, j'ai l'impression que la majorité d'entre vous réagi au quart de tour dès les premiers signes de maladie. L'oïdium, d'autres maladies ou parasites dus à l'excès d'humidité ne pourraient-ils pas compenser et être bénéfiques à la relation arbre-truffe? Après tout on s'en fiche que les arbres soient vilains du moment qu'ils produisent, non?

A moins que la clef ne soit un travail beaucoup plus sévère sur la taille des racines pour que
+ l'arbre peine à se nourrir et fasse appel à la truffe pour compenser
+ que "la truffe" se répande avec les nouvelles racines

Je ne suis qu'un futur débutant et j'ai plus de question que de réponses à apporter alors pardonnez moi si je dis des bêtises (mais faites le moi remarquer quand-même!)...
J Gravier
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par J Gravier »

Rachik,

perso je n'ai jamais traité un seul de mes arbres..... et je produits des truffes.... oïdium parfois sur chêne blanc (uniquement les jeunes), bébètes qui mangent les feuilles... et alors ?
J'ai moins de réussite avec mes chênes blancs c'est vrai, du coup je n'en ai plus planté pendant longtemps considérant qu'ils n'étaient pas adapté à mon sol.... puis j'ai essayé à nouveau avec plusieurs tailles par an... pas de soucis particuliers....
J'avoue que moi aussi j'ai du mal à comprendre ceux qui se précipitent sur les produits phyto... même "bio"....

joel
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didier24
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par didier24 »

Idem pour moi, pas de traitement, je fais des bonds quand je lis qu'on fait même du préventif!. J'ai perdu quelques chênes blancs mais celà ne représente rien par rapport aux dégats des sangliers (grrrrr).
Didier
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tuber01
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par tuber01 »

1- Mon avis sur les traitements et l'état du feuillage :

Je ne traite pas non plus (c'est encore plus bio que bio). Mais les années pluvieuses où tout le feuillage est attaqué en juillet, je me dis que le manque de photosynthèse peut être éventuellement un facteur problématique pour l'apport énergétique, donc de carbone, au niveau des racines et du sol, nourriture future de la truffe.
Car la truffe va aider l'arbre à s'alimenter à eau et en minéraux, mais l'énergie de la photosynthèse et la transformation des sucres restera par les feuilles !
Cependant, ca n'est pas le plus grand soucis à mon avis. Car d'apres moi, l'essentiel sur ce point se joue au printemps avec l'établissement des racines fines en quantité massive à ce moment là.

2- Sur la taille racinaire proposée par Rachik en "compensation" du trop d'eau :

Je suis entièrement d'accord sur le principe qui est que si l'arbre n'a pas besoin de la truffe pour son alimentation et sa survie, alors le système ne favorise pas le développement du couple arbre/champignon.
Et c'est le cas des sols argileux riches en aliments retenus par l'argile justement.
=> Là où l'eau manque ou que les nutriments ne sont pas retenus par le sol (cas des sols sableux), alors la truffe est quasi vitale au développement de l'arbre.

Par contre, là où il y a trop d'argile, la taille racinaire ne me parait pas être le meilleur comme stress : dans les sols argileux, l'arbre et les plantes ont tendance à moins produire une architecture racinaire moins latérale, plus pivotante. Si on coupe les queluqes racines latérales, l'arbre ne va pas s'en offusquer plus que ca à mon avis et s'alimentera plutot facilement en développant ce qui lui reste.
Pour moi le remède à ses sols serait surtout : aération + apport calcaire et/ou sable.
- apport calcaire : en saturant le complexe adsorbant du sol avec du calcium, ce sol va moins retenir les autres nutriments => l'arbre va avoir besoin de l'aide du champignon pour trouver ceux ci.
- apport sable : compenser le trop d'argile, maintenir une meilleure aération, mieux drainer l'eau pour idem, faire en sorte que l'arbre ait un peu plus besoin du champignon pour s'alimenter.

Seb
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melano
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par melano »

Une des raisons qui me pousse à traiter est que je suspecte une compétition intense entre la truffe et les autres champignons dans nos milieux fermés.

J'essaie de gagner cette course de vitesse en faisant pousser les arbres le plus vite possible. Voilà pourquoi je ne veux pas que mes arbres souffrent les premières années d'où les traitements.

Mais j'ai peut-être tord.

Mais ce que j'observe, c'est qu'en milieu ferme, à 10 ans, les blancs non traités font 40 cm de haut (j'en ai de nombreux). Et si ça pousse à peu près, à 15 ans, il y a entre 5 et 25 % de producteurs. Dans le sud-ouest, certains s'en contentent. Mais ça ne doit pas dépasser qques kg / Ha...

Fred
Rachik
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par Rachik »

Concernant les remarques de tuber01:
dans les sols argileux, l'arbre et les plantes ont tendance à moins produire une architecture racinaire moins latérale, plus pivotante. Si on coupe les queluqes racines latérales, l'arbre ne va pas s'en offusquer plus que ca à mon avis et s'alimentera plutot facilement en développant ce qui lui reste.
Encore une chose que j'ignorais et qui m'amène à une nouvelle proposition (je n'ai rien pour m'occuper les mains - dans ce domaine - alors je cogite tous azimuts, désolé...)...

Si la taille des racines latérales n'amène rien, n'est-il pas possible de s'en prendre aux autres? On pourrait imaginer qu'un outil droit à lame large et tranchante pourrait être planté de biais en force sous l'axe du tronc à coup de masse, voire au pied. Je ne retrouve pas le nom de l'outil auquel je pense, c'est une sorte de barre à mine à palette (http://csimg.webmarchand.com/srv/FR/280 ... -180cm.jpg) avec une barre transversale, un louchet aussi pourrait peut-être faire l'affaire.
Ceci étant dit, sur un sol superficiel de 20 cm, ces racines pivots sont-elles aussi efficaces que ça?
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tuber01
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par tuber01 »

Effectivement, si tu as un sous sol avec dalle à 20cm alors ce que j'ai dit est à adapter :
- Si les pivots sont bloqués alors l'arbre va compenser par une émission de racines latérales plus nombreuses et plus tôt dans son développement qu'il ne le ferait en sol profond.
- Certaines expériences racinaires ont été faites aussi en disposant une pierre plate au fond du trou face au pivot et l'effet sur le racinaire latéral a clairement été observé. L'expérience est même plus forte sur une pierre de dimension 20cmx20cm car à partir de là, le pivot n'arrive pas à contourner l'obstacle et l'émission des latérales est alors rapidement provoquée car nécéssaire.

Par contre ces arbres deviennent très sensible à la secheresse.

Seb
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CHAUXCHAUX24
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par CHAUXCHAUX24 »

melano a écrit : 08 juil. 2012 21:51 Bonjour,

les discussions récentes sur l'arrosage m'ont amené à réfléchir à l'importance du climat sur la précocité de la production. Dans certaines régions où le soucis est l'eau (mais ça se résout avec l'arrosage), la production peut démarrer de manière précoce et être rentable assez rapidement.

Nombreux sont ceux qui pensent que la réussite d'une truffière se joue dans les premières années. D'où l'importance d'une croissance rapide.

Or, chez nous, en Périgord, rares sont les truffières qui rentrent en production tôt. Rares aussi sont celles qui produisent beaucoup. Pourtant, il n'y a pas de raison que sur une parcelle seulement 25 % des arbres produisent.

Cette question m'a beaucoup travaillé. Pourquoi chez nous il faut à minima 10 ans et que dans l'immense majorité des cas à peine 25% des arbres produisent ?

Certes, on a de l'argile, mais sur certains plateaux du sud-est, ils en ont autant. Certes, le milieu est fermé mais lorsqu'on regarde une image satellite de la région de Roccafluvionne, la zone n'est pas très ouverte non plus...

Bref, chez nous, malgré une préparation du sol nickel avant plantation, toutes les pratiques culturales utilisées ailleurs, on a du mal à faire pousser nos arbres les premières années.

La conjonction de plusieurs observations comme mes jeunes arbres qui végètent, la météo pourrie, les températures basses m'ont amené à suspecter la climatologie. Et là, à mon avis, se situe le noeud de notre soucis. Certes, on n'a pas souvent besoin d'arroser mais on est nettement pénalisé par notre manque de soleil en été. Regardez bien les courbes d’ensoleillement journalier moyen, à mon avis, ça se joue là.

Climatologie Roccafluvionne.

Climatologie Carpentras.

Climatologie Sarlat.

Bref, entre 25 et 30% de soleil en moins sur la période de croissance végétative ==> photosynthèse au ralenti ==> croissance des arbres modérée ==> production tardive et qui touche peu d'arbres par truffière. Bref c'est mou mou mou.

J'espère me tromper mais c'est l'hypothèse la plus rationnelle que j'ai trouvé.

Votre avis?

Fred
Bonjour Fred.
Je trouve ce sujet pertinent et en effet dans ma truffière vers Bergerac de 11 ans conduite en tanguy j'ai seulement 20 % de producteurs...
Imaginons un contexte dans lequel tous les paramètres sont identiques et avec irrigation ad hoc pour trouver un déterminisme climatique. Comparons plusieurs zones réputées dans le monde selon les critères suivant:
Fenêtre annuelle de croissance des arbres, nombre de jours de ciel clair par an ( multipliable si on veut par la force en kwh du soleil) et on a déjà une bonne partie de l'explication climatique possible.
https://weatherspark.com/compare/y/4623 ... d-Manjimup
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CHAUXCHAUX24
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par CHAUXCHAUX24 »

Je trouve cette hypothèse comparative plus que plausible car je crois qu' on sait que melano est une truffe méditerranéenne cad pour moi un être vivant qui aime le soleil fort et fréquent, les atmosphères sèches et les températures clémentes sans être tropicales.
Comme le mycélium est lié à la croissance saine de l' arbre (développement synchronisé dès le printemps), la fenêtre de croissance annuelle est un paramètre climatique positif primordial dans la précocité de production.
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melano
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Re: Climatologie et précocité de production.

Message par melano »

Sympa ton site pour comparer les stations météo. Merci pour le lien.

Après le paradoxe de la truffe c'est que son mycélium aime le sec et le chaud alors que son ascocarpe, sa fructification résiste mal au chaud et au sec.

Je pense même que la fructification de la truffe aime le doux et l'humide pour son développement.

Après on ne fait pas du bois mais des champignons. Certes, pour que ça produise tôt il faut que les arbres poussent mais il y a des arbres vilains qui font des kilos de truffes.

Fred
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